L'artiste italien, Maurizio Cattelan, a toujours fait couler beaucoup d'encre, non seulement par ses oeuvres provocantes mais aussi par son comportement facétieux à l'égard des médias.
Alors que la retrospective qui lui est consacrée à la Monnaie de Paris, s'achève dans deux jours, il est intéressant de constater comme l'art contemporain est encore et toujours au centre de débats.
Quand on décide de visiter cette exposition à quelques jours de sa fermeture, rares sont les surprises tant elle a été "instagrammé" et "hashtagué" sous toutes ses coutures mais reste malgré tout la découverte des choix scénographiques.
Avec une théâtralité exacerbée par les magnifiques intérieurs de la Monnaie, la présentation des oeuvres de l'artiste (peu nombreuses, il faut dire) se fait dans une enfilade de pièces, sans ordre établi, appelant toujours le visiteur à l'étonnement alors qu'il passe la tête dans un nouvel espace. Les oeuvres les plus célèbres de Maurizio Cattelan ne manquent pas à l'appel: Novecento, soit un cheval pendu au-dessus de nos têtes alors que nous nous introduisons dans l'exposition, La Nona Ora et son pape écrasé par une météorite ou encore son glaçant Him, petit communion qui se révèle être Hitler.
Toutefois, on s'attarde aussi sur d'autres pièces moins évidentes, comme All qui dévoile des corps dissimulés sous des draps de marbre, comme des gisants déshumanisés ou We qui présente des mannequins de l'artiste en taille réduite, des jumeaux allongés sur un lit, unis dans ce qui semble être un sommeil éternel.
Avec l'oeuvre de Maurizio Cattelan, on est tantôt dans le loufoque, tantôt dans l'angoissant voire le désagréable comme avec ce petit garçon haut perché dans une salle majestueuse, qui tape sur son tambour de temps à autre et qui vous fait sursauter à chaque fois.
On aurait le défaut de croire que son oeuvre est facile, gentiment racoleuse mais ce serait nier à quel point son propos est inspiré de reflexions fortes dans lesquelles chacun de nous peut se reconnaitre: notre place dans la société, la spiritualité, l'identité et évidemment, la mort. Il s'amuse de la désacralisation des choses: de la religion, de la mort, des événements historiques et même de son public à l'image de ces pigeons perchés qui semblent nous observer goguenards, prêts à nous "chier dessus"...pathétiques spectateurs!
La scénographie de Not Afraid of Love lie intelligemment les oeuvres et les espaces d'exposition, notamment par des jeux de miroirs qui permettent d'observer les pièces avec des points de vue multiples. Seule la lumière aveuglante dans certaines salles est dérangeante mais est-ce voulu? Une volonté de mettre encore plus mal à l'aise le visiteur? Possible...
Ce qui dénote aussi sont les brillants cartels rédigés par diverses personnalités issus de cultures variées qui permettent la confrontation d'idées, d'opinions et d'interprétations des oeuvres. Quel dommage toutefois qu'ils ne soient pas plus valorisés, imprimés sur des panneaux plus grands, plus lisibles...
Avec Not Afraid of Love, Maurizio Cattelan invite au questionnement, nous provoque pour mieux nous pousser à réfléchir sur nous-mêmes et le monde dans lequel nous évoluons. Seul demeure un mystère: le choix du titre de l'exposition?
Entre vous et moi, je n'ai pas beaucoup pensé à l'amour au milieu de ses oeuvres...
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