dimanche 8 janvier 2012

BEAUTE, MORALE ET VOLUPTE DANS L'ANGLETERRE D'OSCAR WILDE...PAR HAYLEY

Bonjour! En ce dimanche gris, pourquoi ne pas se faire une petite exposition?

Je vous propose de découvrir l'exposition consacrée à l'Aesthetic Movement (et oui, le titre n'est pas très explicite!) qui se tient jusqu'au 15 janvier au Musée d'Orsay.
A défaut d'avoir étudié l'histoire de l'art ou d'être un passionné, c'est un mouvement artistique assez peu connu en France et c'est une excellente idée qu'a eu le musée de présenter cette exposition créée par le Victoria & Albert Museum de Londres.


Dans les années 1860, à une époque victorienne corsetée, un groupe d'artistes désirent révolutionner l'art et ses codes en explorant des nouveaux idéaux de la beauté. Cet art total regroupant peinture, sculpture, arts décoratifs, joaillerie ou mode...défie les conventions et les esthètes n'hésitent pas à se tourner vers la décoration intérieure. Dans ce contexte, William Morris crée en 1861, une entreprise d'artisans aux côtés de l'architecte Philip Webb et les peintres Dante Gabriel Rossetti, Edwards Burne-Jones...

Edwards Burne-Jones, La roue de la fortune
S'unissent donc les artistes préraphaélites et les protagonistes du futur mouvement Arts & Crafts dans le seul but de créer un art fondé sur le Beau, un idéal esthétique sans aucun autre objectif: c'est "l'art pour l'art".
Et c'est là qu'intervient Oscar Wilde...C'est lui qui produira une véritable réflexion littéraire et philosophique sur le sujet d'où ses nombreuses citations qui illustrent le parcours de l'exposition.
Comme l'Esthétisme est un art de vivre complet: on collectionne Esthétique, on s'habille Esthétique, on se meuble Esthétique, on mange Esthétique (!)...Et l'art asiatique devient une référence pour les amateurs éclairés du mouvement qui collectionne avec frénésie la porcelaine bleue et blanc et les estampes japonaises.

Les peintres esthétiques créent des oeuvres gracieuses, au réalisme exacerbé, symboliques (le paon, le lys ou encore le tournesol peuplent ces représentations) qui revisitent également l'Antiquité.

Thomas Armstrong, Le champ de foin
Du côté de la décoration intérieure, la "Peacock Room" réalisée par James Abbott McNeill Whistler  (un de mes chouchous) et l'architecte Edward William Godwin pour la demeure de Frederick Richards Leylan, est un exemple majeur des propositions esthétiques du mouvement.
Peacock Room
Les demeures d'artistes deviennent également le support de la diffusion des préceptes des artistes.
Afin d'offrir un lieu d'expositions alternatif à la Royal Academy, le chantre de l'art officiel, Sir Lindsay inaugure la Grovesnor Gallery, en 1877. Grâce à ce lieu, le mouvement se développe et suscite l'enthousiasme de nombreux mécènes et collectionneurs.

Dans les années 80, le mouvement s'est tant développé que de nombreux artisans produisent des articles, à l'opposé des produits commerciaux traditionnels: des fabricants de papiers peints, de soieries, de mobilier, de services de table...comme Christopher Dresser participent à la renommée de l'Aesthetic Movement.

Christopher Dresser: Theière Diamant
Enfin, la mode et les accessoires ne sont pas en reste. Le grand magasin Liberty's de Londres proposent des tissus et des vêtements Esthétiques et la firme Child & Child conçoit des bijoux aux lignes pures.

Dans les années 1890, le mouvement s'essouffle et ne séduit plus autant. Il est considéré comme décadent et immoral et des scissions dans le groupe d'artistes provoquent des controverses.
On laisse place à l'Art Nouveau qui ne renie pas toutes les propositions esthétiques et artistiques de l'Aesthetic Movement.

James McNeill Whistler, Symphonie en blanc n°2: la petite fille blanche
Bon, après cette longue présentation, qu'ai-je pensé de cette exposition?
D'une manière générale, elle m'a plu mais il y a quelques point négatifs.
La scénographie est réussie: les murs colorés en harmonie avec l'époque, les citations de Wilde...fonctionnent bien.
Il y a juste une chose qui m'a choquée: dans une vitrine, est présentée un service à thé sur une petite table et comme il semble que cette dernières était trop petite, on retrouve une tasse posée sur un guéridon à côté et ce n'est pas top top pour un musée comme Orsay. J'ai l'air de chipoter comme ça mais quand on est devant, ça fait vraiment bizarre!
Le mélange des différentes formes d'art est aussi très réussie et indispensable, évidemment, à la compréhension de ce mouvement: des costumes rencontrent des papiers peints, des sculptures aux côtés de peintures, des meubles, de la céramique et des bijoux...La présentation est large.

Aubrey Beardsley, Illustration pour "Salomé" d'Oscar Wilde
Toutefois, ce mélange donne aussi une image un peu bordélique de l'exposition, il y en a partout...Nous sommes un peu dévorés par toutes les oeuvres!
L'exposition est donc DENSE, très dense...
De plus, le parcours n'est pas très clair. L'évolution se veut chronologique mais ce n'est pas tout à fait clair...Le découpage chronologique se mêle un peu à une organisation thématique ce qui brouille un peu les idées.
Enfin, avec mon amie Aurélie, nous nous faisions la réflexion que c'était une exposition un peu élitiste...En effet, nous avons toutes les deux fait l'Ecole du Louvre, l'art nous passionne...alors on connaît bien notre sujet mais en prêtant attention aux panneaux de présentation, la scénographie...nous nous sommes rendues compte que ce n'était pas du tout pédagogique. Les textes sont longs et "érudits" et manquent de clarté. Je ne dis pas que les gens qui n'ont pas étudié l'histoire de l'art sont tous des idiots mais il faut penser à bien expliquer les choses surtout pour un mouvement aussi peu connu et ce n'est clairement pas le cas ici. L'exposition semble s'adresser à des connaisseurs...C'est un peu dommage.

Mais je le répète, hormis ces quelques points, j'étais ravie de ma visite et heureuse de voir tant de belles choses réunies. C'est un mouvement artistique magnifique qui mérite d'être découvert ou redécouvert!

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