J'avais très hâte de découvrir l'exposition conçue par Olivier Saillard, au Musée Bourdelle, sur l'oeuvre de madame Grès.
En effet, avec Madeleine Vionnet, Madame Grès est ma créatrice "du passé" préférée et elles évoquent toutes deux cette période que j'adore qui sont les années 30.
C'est donc aux côtés de mon ami Hugo, qui me sauva la vie lorsque mon appareil photo décida de ne plus avoir de batterie (pour une fois qu'on a le droit de photographier..pfff!), que je m'y suis rendue quelques jours avant la fermeture de l'exposition...
Petite présentation de la créatrice: Germaine Emilie Krebs (1903-1993), de son vrai nom, débute en 1934 et s'offre un pseudonyme grâce au prénom de son époux, Serge, qu'elle transforme en Grès. Le clin d'oeil à la pierre est intéressant puisqu'elle a toujours clamé avoir voulu devenir sculpteur...Celle qui n'était qu'Alix devient Madame Grès en 1942 lorsqu'elle installe sa maison de couture, rue de la Paix. Travailleuse acharnée, sa vie privée en pâtira, elle développe magistralement sa griffe sans rien connaître aux techniques de base de la couture.
Elle privilégie la coupe et la structure tel un sculpteur. Le vêtement se veut apuré et fluide et l'inspiration antique est indéniable: là encore, une référence à la sculpture...Elle jouera, par ailleurs, beaucoup de ce rapprochement entre ses créations et l'art antique notamment dans les photographies paraissant dans les revues de l'époque.
La créatrice donne naissance au "pli Grès": technique qui consiste à réduire le lé d'une étoffe de jersey de soie (tissu crée pour elle) de 280 cm à 7cm, en concevant une suite multiple de plis plats profonds et serrés à même le mannequin avant qu'ils ne soient cousus. Cette technique permettait la création de jupes à la circonférence folle. Sachez que dans les années 30 (comme plus tard avec le New Look), il était légion d'utiliser beaucoup de tissu dans la création vestimentaire.
Photographie de Willy Maynald |
Même si ses robes drapées à l'antique demeurent, dans l'imaginaire collectif, sa signature, Madame Grès s'est aussi illustrée dans le prêt à porter et des créations du jour ou du soir sans pli, aux lignes structurées et pures. Elle travaille aussi la laine et le taffetas qui permettent des coupes évasées dans l'esprit de la mode des années 50.
Le parallèle entre cette robe à l'allure monacale et le Christ en croix est rusé... |
Sachez que Madame Grès ne portait pas du tout ses créations et qu'elle avait choisi de rester fidèle à ses cols roulés et ses turbans qui étaient devenus son uniforme!
A partir des années 80, la maison connait des difficultés financières et est vendue en 1984 à Bernard Tapie avec qui Madame Grès entretient des relations très tenudes.
Madame Grès se retire du devant de la scène et termine ses jours dans la pauvreté et l'oubli. Il faut savoir, qu'elle décède le 24 novembre 1993 mais que sa mort ne sera révélée au grand public qu'en décembre 1994 par la journaliste et auteur, Laurence Bénaim.
Venons en à l'exposition elle-même...Je l'ai trouvée superbe! Franchement, il n'y a rien à redire: la scénographie était juste, claire et très esthétique.
J'ai beaucoup apprécié l'utilisation de tréteaux de sculpture pour poser les Stockmans revêtant les créations, cela apportait une touche brute contrastant avec la préciosité des robes et faisait aussi évidemment écho à la volonté de présenter ces vêtements tels des sculptures comme les travaillait Madame Grès.
Par ailleurs, l'exposition toute entière fait référence à ce parallèle entre la créatrice et le monde de la sculpture qui lui fut chère.
Notamment, le choix du lieu, évidemment...Le musée Galliéra étant fermé pour travaux, leurs expositions se déroulent à l'extérieur et dans ce cas, l'occasion était trop belle que de pouvoir l'installer dans un musée dédié à un sculpteur, Bourdelle et ce qui fut son atelier.
Dans les différentes salles, les parallèles entre Madame Grès et l'oeuvre de Bourdelle sont toujours pertinents, soit parce qu'on retrouve des esthétiques, des messages similaires, soit par les excès de contraste qui deviennent intéressants. Comme je l'ai dit plus haut, l'opposition entre les créations féminines et sensuelles de la créatrice et l'aspect brut et colossal du travail et des outils du sculpteur fonctionne à merveille.
L'exposition est aussi jalonnée de ce que j'appelle des éléments pédagogiques qui nous permettent de mieux comprendre et observer le travail de Madame Grès...de nous plonger dans le contexte de son oeuvre: dessins, croquis, échantillonnage, photographies, citations...
C'est très complet.
Gros coup de coeur pour les cartels sur papier kraft au sol |
Bon, vous l'aurez compris, j'ai vraiment beaucoup aimé...Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant apprécié une exposition Parisienne.
L'exposition est achevée mais je pense que vous avez été très nombreux à la voir.
Petit bémol: les jeunes femmes à l'accueil mériteraient d'être plus aimables...
Bonne journée!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Par ici les petits mots:)