Bonjour
Il fut un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre où, à mes yeux, la classe ultime était de s'habiller comme dans Clueless, les filles de TLC, avoir la même dégaine que Claire Danes dans Angela-15 ans, être aussi sexy que Aaliyah ou Mariah Carey (si, si, souvenez-vous, il fut un temps où Mariah Carey était vraiment une bombasse!), devenir aussi cool que Kate Moss dans une pub Calvin Klein et/ou Winona Ryder (tiens, elles ont un dénominateur commun. Coincidence? Moi aussi, je devais vouloir fracasser des chambres d'hotels avec Johnny!) tandis que j'avais quelques restes inspirés de Sauvés par le Gong et du Prince de Bel Air et, je crois bien que je reluquais même les looks des Spice Girls!
Je me battais avec mes parents pour avoir LA paire de Reebok Classic blanches, des Gazelle d'Adidas, des jean Cimarron et des bombers. J'ai remercié le ciel chaque jour quand Clueless est sorti parce qu'enfin, nous découvrions une solution pour contourner les règles vestimentaires strictes de mon école privée qui prohibait le port de hauts à bretelles: merci le tee-shirt blanc à manche courtes glissés sous le débardeur et la robe à fleurs! J'ai du convaincre ma famille, que, si, porter un collier ras du cou (étrangleur!) imitant un tatouage, était du meilleur gout tout comme l'étaient mes tops qui laissaient voir le nombril.
Hier |
Vous devez vous demander pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça. Non, je ne suis pas dans une phase nostalgique, plongée dans les albums photo, regrettant mes années adolescentes et mon sac Mandarina Duck. Mais il y a eu ce phénomène étrange remarqué dans les pages des magazines, sur les podiums et dans mes boutiques préférées. Un phénomène apparu il y a plusieurs mois et qui a pris un tournant encore plus impressionnant lorsque j'ai vu surgir ma petite soeur de 17 ans, lors d'une réunion familiale, parée d'un bomber, d'un t-shirt blanc court, d'un jean large taille-haute et d'une paire de Reebok blanches. Et là, je lui ai dit, "mais attends si j'avais tout gardé - par ailleurs, petite digression à l'attention de ceux qui me disent sans cesse qu'il faut que j'arrête de tout garder comme une petite vieille toquée, la preuve que ça peut toujours servir - et bien tu n'aurais pas eu besoin de dépenser une fortune pour ressusciter la Hayley des années 1990, ma petite!". Et là, ma soeur qui ne m'a pas connu ado et qui me voit aujourd'hui comme une vieille trentenaire ennuyeuse (la pauvre, si elle savait...) n'a pas voulu croire que je l'avais précédée de plusieurs années dans l'assimilation du cool. Tant pis pour elle!
Je sais bien que la mode est cyclique et que le retour de tendances n'est pas un phénomène nouveau! On a vu ressurgir les 1980s, l'allure pop des années 1960 ou le glamour des années 50. Les adolescents ont toujours eu à coeur d'emprunter aux vestiaires du passé que ce soit les hippies des années 1970 redécouvrant la mode des années 1920 à 1940 tandis que les grunge des années 1990 avaient certainement regardé du coté des punks de la fin des années 1970. Toutefois, quand on observe ces résurgences du passé, il semblerait que nous observions plutôt des réinterprétations que des copie-conformes. L'histoire de la mode inspirait mais ne dictait pas, elle insufflait une forme de nostalgie esthétisante et surtout, elle poussait à être inventif et créatif. On farfouillait dans les fripes, les brocantes, les puces, on inventait de nouvelles silhouettes, on superposait,...Se réapproprier le passé allait souvent de paire avec une forme de marginalisation, regarder en arrière pour mieux se distinguer des diktats de la société dans laquelle on évoluait.
Aujourd'hui |
Je ne regarde pas cette résurgence d'un mauvais oeil alors que je me laisse moi-même prendre au jeu (vous risquez de voir un bomber par ici un de ces jours et je pense, la larme à l'oeil, à ces paires de baskets dont ma mère s'est sournoisement débarrassées lors de nos déménagements) mais je me demande si, comme on veut parfois nous le faire croire, la mode vient vraiment de plus en plus de la rue? Je crois, au contraire, que la mode n'a jamais autant prescrit la silhouette de la rue et que, même des instants de mode aussi insolites que des reminiscences du passé ne sont plus le fait de personnalités décalées mais des opérations commerciales bien rodées.
J'aimerais que ma soeur prenne autant plaisir que moi à son age à dénicher des trésors dans les fripes, à oser quelques errances vestimentaires, à prendre ses ciseaux pour customiser des t-shirts et transformer ses jeans en jupes...Qu'elle n'ait pas peur d'experimenter et de faire des erreurs (ça lui permettra de passer des bons moments en regardant ses photos de jeunesse plus tard!), de même être parfois moche (si, si, ça nous est tous arrivé!) et qu'elle n'angoisse pas à chaque fois qu'elle passe le pas de la porte du domicile parental en espérant avoir le look idéal, car je sais bien qu'il n'y a pas plus anti-conformiste et conformiste à la fois qu'un ado, et, comme j'aurai détesté être jeune aujourd'hui, confrontée à la dictature des réseaux sociaux et des selfies. Les adolescents que je croise sont déjà tellement lookés, tellement beaux et parfaits, ils ont déjà compris toutes les règles d'un monde ultra-connecté où l'apparence est reine...Je le répète mais si j'avais été une ado à l'ère d'Instagram, Facebook ou Snapchat, je n'en aurai pas dormi de la nuit!
Le jour où j'ai décidé d'arrêter de porter des cravates épinglées d'une broche à fleur en guise de ceintures (oui, c'était gratiné!), des collants résille avec mes baskets et des robes par-dessus mes jeans (ah non, ça, ouf, ça revient à la mode!), parce que le regard des jeunes adultes que je croisais quotidiennement me mettait mal à l'aise (comme on est bien faibles face à l'Autre!), a certainement été un des jours les plus tristes de ma vingtaine car je disais adieu à ma singularité et à mon adolescence (bon et peut-être aussi au ridicule!). J'ai envie de dire à ma petite soeur qu'elle a toute sa vie pour être obligée de se conformer à la société, que le temps où son individualité sera mise à mal, arrivera bien assez vite, alors qu'elle en profite et que, même si ça me fait terriblement plaisir que mon moi adolescent soit devenu son idole stylistique, qu'elle n'hésite pas à faire fi des silhouettes Zara et que, surtout, beaucoup de tendances des 1990s étaient assez ingrates et, que si on s'en est débarrassées, c'est aussi qu'il y avait une bonne raison à cela!
J'ai aussi envie de demander à ma petite soeur si elle veut bien me prêter ses Reebok?
Le jour où j'ai décidé d'arrêter de porter des cravates épinglées d'une broche à fleur en guise de ceintures (oui, c'était gratiné!), des collants résille avec mes baskets et des robes par-dessus mes jeans (ah non, ça, ouf, ça revient à la mode!), parce que le regard des jeunes adultes que je croisais quotidiennement me mettait mal à l'aise (comme on est bien faibles face à l'Autre!), a certainement été un des jours les plus tristes de ma vingtaine car je disais adieu à ma singularité et à mon adolescence (bon et peut-être aussi au ridicule!). J'ai envie de dire à ma petite soeur qu'elle a toute sa vie pour être obligée de se conformer à la société, que le temps où son individualité sera mise à mal, arrivera bien assez vite, alors qu'elle en profite et que, même si ça me fait terriblement plaisir que mon moi adolescent soit devenu son idole stylistique, qu'elle n'hésite pas à faire fi des silhouettes Zara et que, surtout, beaucoup de tendances des 1990s étaient assez ingrates et, que si on s'en est débarrassées, c'est aussi qu'il y avait une bonne raison à cela!
J'ai aussi envie de demander à ma petite soeur si elle veut bien me prêter ses Reebok?
H.
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