mercredi 2 février 2011

UN PETIT TOUR A LA MEP PAR HAYLEY

Comme certains d'entre vous l'ont peut-être déjà remarqué, j'essaie de ne rater aucune exposition de la MEP (Maison Européenne de la Photographie, 75004 Paris)!
Je trouve qu'il y a toujours un choix très juste de présentations et puis j'aime aussi le fait que chaque grande exposition est accompagnée de plus petites, ce qui rend la visite "hétéroclite"!

Dimanche, s'achevait, "Autour de l'Extrême": une exposition conçue à partir de la collection permanente. Je trouve toujours ça intéressant lorsqu'un musée s'intéresse à ses réserves et crée une thématique autour de choix particuliers, une exposition temporaire n'est pas seulement un "blockbuster" pour laquelle on doit emprunter aux quatre coins du monde! La plupart des musées parisiens ont des réserves incroyables qui cachent des trésors et les valoriser est déjà en soi, une excellente idée!

Comme son titre l'indique, cette exposition avait pour but de montrer une catégorie d'oeuvres qui renvoient à l'idée d'extrême, de limites repoussées...
L'extrême n'a pas une mais plusieurs définitions; on a tendance à associer l'extrême au sordide, à l'impensable...J'entendais certains visiteurs se plaindre que certaines oeuvres n'avaient rien d'extrême, qu'elles étaient "soft" et pas du tout choquantes! Ils n'avaient visiblement pas bien saisi le sens du mot!
L'extrême apparaissait par le sujet ou la technique photographique; le sujet pouvait avoir des connotations politiques, sociales ou scientifiques extrêmes. L'extrême pouvait être beau, émouvant, drôle, ringard, effrayant...Il repousse les limites de l'esprit, du corps, de la morale...Ce sont toutes ces significations qui tendaient à transparaître!

Ici, par exemple, l'extrême est technique est esthétique. Gotscho repousse les limites de la bi-dimensionnalité de la photographie en lui donnant vie dans une oeuvre en 3D mais il repousse aussi la vision initiale que l'on a de ce body-buildé dans sa salle de gym en lui apportant poésie et féminité grâce à cette robe qu'il lui adjoint.

Gotscho, Photographie habillée n°3; Photo de Nan Goldin
Si vous ne connaissez pas Gotscho, je vous invite à le découvrir, il réalise un travail magnifique sur les liens entre art, design et mode et crée des oeuvres très poétique!
 Martin Parr aime beaucoup mettre en exergue les travers de la société populaire anglaise: la société de masse, la consommation, le kitsch...Un extrême un peu ironique mais sans méchanceté!

Martin Parr, "The last resort", 1983-84
 Cette photographie est extrême par son sujet et les risques que prennent ces hommes qui travaillent auprès des gisements pétroliers. Mais elle est aussi d'une beauté extraordinaire...malgré la dureté de la photographie (l'homme a été projeté et s'est évanoui sous le choc de ce geyser!), elle en devient esthétique avec ce noir et blanc sublime et le pétrole qui font de ces êtres des statues d'argent!

Sebastio Salgado, "Gisement de pétrole du grand Burhan, Koweit", 1991
Comment faire de l'horrible du beau? En photographiant des engins de terreur et de mort (bombes, cartouches...) tels des joyaux scintillants. Les couleurs éclatantes de ces objets sur ce fond noir rappellent les principes esthétiques utilisés par les grands joailliers pour leur mise en scène! Ca fait froid dans le dos...

Raphael Dallaporta, "Antipersonnel", 2004
 Quand devient-on extrême? Lorsqu'on renonce à sa propre identité sous prétexte d'en admirer un autre!

Valérie Belin, "Michael Jackson", 2003
 Un artiste peut lui-même devenir extrême. Orlan en est une des meilleurs représentations, elle n'hésite pas à utiliser son corps comme un lieu d'expérimentation, de déformations...

Orlan, "Self Hybridation", 1998
 Le don de soi dans son extrême pureté...

Andres Serrano, "The Church, soeur Jeanne Myriam", 1991
Il y avait tant d'autres photographies à vous proposer: des femmes sublimes (aahh Richard Avedon), des nus osés mais aussi de la violence, de l'horreur que j'ai préférée ne pas photographier par respect et puis pour ne pas vous choquer, ici, non plus!

C'était une très belle exposition, comme toujours, avec un bel accrochage, une lumière parfaite...Rien à dire de plus!

J'ai également beaucoup aimé la petite exposition consacrée à Marie Bovo et ses trois séries: "Bab-el-Louk", "Cours intérieures" et "Grisailles". En observant l'architecture de la ville et ses détails que nous, simples passants, ne remarquons pas toujours, elle raconte une belle histoire!

"Grisaille", 2010
Je suis tombée sous le charme de ses porches écaillés qui deviennent très beaux sous cet angle de vue!
Enfin, le musée proposait également un regard amusant et touchant sur l'oeuvre de Marc Riboud. En effet, le choix était de présenter ses photographies par l'intermédiaire d'un abécédaire "I comme Image" permettant aux grands comme aux petits (surtout!!) d'entreprendre un dialogue en découvrant des mots mais surtout des images!


A la prochaine pour un autre tour à la MEP!

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